Quantcast
Channel: un promeneur – un promeneur [à propos de Joseph F.]
Viewing all articles
Browse latest Browse all 176

[variations 9] Journal d’Anne : Markus Berg

$
0
0

C'était un jour pluvieux de printemps, je me souvenais ce matin là d'un voyage à Boisroger où m'avait invité la veuve de Markus Berg, lui dont j'avais autrefois tellement aimé la "Suite des Collines". Vous savez n'est ce pas que sur sa demande, son nom avait été masqué, Markus souhaitant n'apparaître en aucun cas afin qu'il n'y eût nulle interférence entre son métier (il était instituteur de l'autre côté de la frontière) et l'étrange liberté de ton pour l'époque – 1930 ! – de ce recueil de nouvelles (...)

C'était un jour pluvieux et froid, avec ce paysage frontalier, entre les épicéas et un semis de hêtres dégoulinant d'ombre, Maria Berg habitait une sorte de clairière inclinée vers l'ouest que le soir venait égayer d'une fugace teinte orangée. L'entrée sentait le chou et la cire, la terre humide où s'enracinent les villages d'ici, reliés par une commune habitude de résister au temps des métropoles. Elle a accroché au mur de la pièce principale quelques photos de la jeunesse de Berg, d´elle même discutant avec deux amies sous l'entrée d'une grange (au crayon en dessous "Bauernkeig 1917 - Véronique K. "), deux aquarelles l'une est une nature morte avec un compotier emplis de fruits savoureux couleurs pastel, et l'autre un portrait ébauché au lavis d'un homme installé de trois quarts. (...)

Maria Berg habitait alors les environs de Criest. Je m'y étais rendu un jour d'avril 195.. méconnaissable, de ces jours zébrés d'averses, si bien qu'entre deux paquets de pluie la route du col me semblait comme absorbée par les nuages, disparaissant presque entiérement, puis le chemin redescendait mollement vers la France et bien avant le village commençait une longue allée de platanes tout à fait anachronique dans ce pays de résineux. Les troncs taillés en têtard prenaient sous la pluie l'aspect luisant de rochers littoraux, de varech, de bâches militaires vert foncé et métalliques. Maria s'était retirée là après la mort de son mari dans une de ces constructions anachroniques qui hésitent entre pensionnat religieux, asile, et sanatorium, où elle vivait à l'écart du bourg de Criest dans une vie économes et austère. Pourtant à l'arrière de la maison on trouvait une petite cour pavée de briques et orientée au sud qui ouvrait joyeusement sur la vallée et d'où on distinguait au loin l'usine de papier de Liancourt et le clocher de Gréac où commencent les paysages si reconnaissables du Revermont. La veuve de Willy Berg vivait là, dans cette sorte de béguinage, je me souviens qu'elle parlait admirablement notre langue, modulant des intonations presque théâtrales d une voix grave de fumeuse, avec parfois des accents d'une étonnante jeunesse et aurait-on dit orientaux. Elle avait alors bien plus de quatre vingt ans (...)

changer Markus pour Willy, Anne au lieu de Maria, reprendre le paysage vers Liancourt ? Mettre quelques éléments de A ? En dire moins peut être

20130519-093642.jpg


Viewing all articles
Browse latest Browse all 176

Latest Images





Latest Images